Depuis mon plus jeune âge, j'ai toujours été attirée par l'Art, sous toutes ses formes (dessin, modelage, sculpture,...). J'ai eu l'immense privilège d'avoir une Grand-Mère artiste, Geneviève Dostatni, grâce à laquelle j'ai été plongée dans la création dès l'enfance.

Diplômée d'HEC, après une carrière dans la distribution, j'ai pris du recul pour élever mes enfants et remettre du sens dans ma vie. J’ai découvert progressivement que le tissu était la matière qui m'inspirait et qu'il pouvait servir à une expression artistique très originale. A force de travail, j'ai mis au point un certain nombre de techniques qui me sont très personnelles, pour me permettre d'exprimer ma créativité avec un matériau qui n'est pas fait pour.

Je me suis très vite éloignée des chemins traditionnels pour me lancer dans une aventure artistique très personnelle...

Les différentes expressions de la lumière, qu’elle soit naturelle ou produite par l’Homme, me semblent fascinantes.

Sa capacité de réflexion sur les matériaux qu’elle touche produit d’innombrables effets que j’adore essayer de capter. Pour cela, j’utilise, selon l’effet recherché, des tissus qui expriment naturellement la lumière, le plus souvent parce qu’ils sont brillants (skaïs, tissus pour les métiers du cirque ou du spectacle), ou, au contraire, qui traduisent par leur matité l’absence de lumière.

Enfin, certains tissus sont plus ou moins réfléchissants, en fonction de l’heure du jour, de la provenance du soleil ou de l’éclairage. Ils permettent de donner une vie propre au tableau, qui brillera plus ou moins par endroit en fonction de l’intensité lumineuse de son environnement.

La lumière se réfléchit naturellement sur les surfaces lisses et produit des effets très intéressants à interpréter, décomposer,  recomposer.

L’eau, support par excellence du reflet, ouvre la voie à de nombreuses interprétations plus ou moins abstraites du jeu de la lumière sur les éléments qui s’y reflètent.

L’ombre est une forme de non lumière qui souligne les éclairages et permet aussi de multiples variations qui me semblent intéressantes à saisir.

Pour réaliser un tableau comme "Broadway", par exemple, j’ai, au fil des années, mis au point un certain nombre de techniques très personnelles qui permettent de réaliser en textile des détails toujours plus précis.

La machine à coudre est utilisée, non pour assembler en ligne droite, comme c’est sa vocation naturelle, mais pour écrire, pour broder, pour assembler bord à bord. Dans un mouvement proche de celui du pinceau, les mains guident le trait formé par l’aiguille. Celle-ci obéit alors au cerveau qui maitrise la ligne comme dans un processus de dessin ou d’écriture.

Les textiles utilisés sont extrêmement variés. A partir des milliers de coupons recueillis depuis une vingtaine d’années, je taille, déforme, effrange, teins ou peins pour trouver les formes, les couleurs et les textures qui me permettront de rendre l’effet que je souhaite.

Les broderies qui soulignent les formes ou détaillent les textes sont réalisées avec différentes sortes de matériaux : du fil à coudre, du fil à tricoter, des dentelles, teintes ou non…

La découpe des différents éléments demande beaucoup de précision, en particulier lorsqu’il s’agit des fenêtres d’un building new-yorkais. Chaque fenêtre est découpée dans un tissu qui formera l’ossature extérieure du bâtiment, puis remplie par le dessous par un autre tissu qui, assemblé, formera l’intérieur de la fenêtre.

L’assemblage des différents éléments se fait par juxtaposition ou superposition, à la machine à coudre. Cela donne une grande solidité à l’ensemble et permet de tendre la toile finale sur un châssis, comme une peinture classique.